Pénurie de médicaments : peut-on

Depuis de nombreuses années les médecins constatent des ruptures d’approvisionnement de certains médicaments qui demeuraient transitoires. 

On mettait en cause les grossistes qui auraient revendu une partie des médicaments attribués dans d’autres pays de l’Union Européenne où le prix des médicaments est plus élevé (de l’ordre de 25%). Les médecins devaient alors téléphoner au fabriquant pour obtenir le médicament manquant ce qui au passage faisait perdre du temps médical.

Cette situation aurait dû alerter nos gouvernants mais il est certain qu’il était plus important de respecter un ONDAM déconnecté de la réalité de l’évolution des dépenses de santé, comme le rappelait un rapport du Sénat en 2019, que de se soucier de mettre à la disposition des patients les médicaments dont ils ont besoin.

La crise du Covid-19 est passée par là et maintenant ce n’est plus seulement le différentiel de prix qui pénalise les Français mais une délocalisation à outrance et une politique des flux tendus des grands laboratoires.

Les Spécialistes-CSMF demandent qu’on mette sans délai à disposition des médecins les médicaments qui sont indispensables pour des soins pertinents. Ils ne peuvent accepter une médecine dégradée qui fait courir des risques à nos patients.

On a beaucoup parlé du Paracétamol et de l’Amoxicilline, qui sont des médicaments essentiels dans la pharmacopée mais inexorablement cette pénurie atteint d’autres classes thérapeutiques (3000 médicaments manquants ces derniers mois). Les rhumatologues sont en particulier touchés par la pénurie de Diprostène qui ne leur permet plus de réaliser les infiltrations nécessaires à la prise en charge pertinente de leurs patients. En fait toutes les spécialités sont concernées avec des ruptures de stock de médicaments essentiels (anesthésie, neurologie, oncologie, endocrinologie, pédiatrie, etc…).

On ne peut pas se satisfaire de l’annonce d’un plan de relocalisation de la fabrication des médicaments qui, s’il est nécessaire, ne produira ses effets que dans plusieurs années.

Il y a urgence et il faut une nouvelle mission « flash » du médicament qui réunisse les représentants des spécialités médicales avec leur conseil nationaux professionnels mais aussi les syndicats représentatifs, les représentants des pharmaciens, les ordres concernés, les représentants des laboratoires et les responsables politiques.

Il faut mettre les laboratoires devant leurs responsabilités. L’obligation de continuité des soins c’est aussi la continuité d’approvisionnement en médicaments.

Cette mission doit permettre de trouver dès maintenant des solutions d’approvisionnement ou des alternatives thérapeutiques validées pour que les médecins soient en mesure de prodiguer des soins de qualité à nos concitoyens.

A l’heure où un projet de loi pour « favoriser l’accès aux soins » est discuté à l’Assemblée Nationale et engendre de nombreuses crispations on ne veut pas regarder la dégradation de notre système de santé (hôpital, médecine libérale, médicaments). 

On ne favorisera pas l’accès aux soins par la contrainte mais par un investissement dans notre système de santé. On a appauvri notre système de santé de dizaines de milliards depuis une quinzaine d’années et on voit où cela nous mène.

Favoriser l’accès aux soins c’est d’abord mettre à la dispositions des médecins les médicaments dont nos patients ont besoin.

Docteur Bruno Perrouty

Président Les Spécialistes CSMF

Contact presse : 06 42 26 63 73

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