Édito du président


Monsieur le Président, je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps.

21 décembre 2022

Monsieur le Président,

Cette lettre des Spécialistes CSMF reprenant les premiers mots du poème de Boris Vian n’aura pas le même titre car ce n’est pas un déserteur qui vous parle mais un spécialiste libéral et responsable comme nous le disons en écho à la politique de droits et de devoirs de notre syndicat CSMF.

Vous avez le souci Monsieur le Président de la santé de nos concitoyens et vous souhaitez que notre système de santé redevienne un des meilleurs du monde, place qu’il a perdu en quelques décennies à cause d’un appauvrissement programmé par une gestion de la démographie médicale inconséquente et par des contraintes budgétaires inappropriées.

La démographie médicale catastrophique provient d’une volonté délibérée des responsables politiques depuis le début des années quatre-vingt de réduire drastiquement le nombre de médecins car ceci devait entrainer une diminution des prescriptions et donc des économies. Il en est de même pour le budget de la santé qui devenu l’ONDAM n’est plus au service des français mais est devenu un exercice de style pour présenter un budget convenable aux responsables européens.

Monsieur le Président, le budget dédié à la santé doit être déterminé par les besoins des français. Le Sénat en 2019 rappelait que l’évolution naturelle des dépenses de santé entre 2010 et 2019 était de 4% par an à cause du vieillissement de la population et de la durée plus longue des pathologies chroniques. Durant cette période l’ONDAM se situait à 2%. Le système de santé français, hospitalier et libéral, a donc été appauvri en dix ans de près de 40 milliards.

Ces sommes manquent cruellement actuellement pour faire fonctionner les établissements de soins publics et privés et la médecine de ville.

Monsieur le Président, actuellement se déroulent des négociations conventionnelles décisives pour l’avenir de la médecine libérale et par la même pour l’accès à des soins de qualité de nos concitoyens.

Les premiers échanges de ces négociations montrent qu’il y a une prise de conscience de part et d’autre de la responsabilité que nous portons à l’égard des français. La notion d’expertise médicale semble reconnue dans un fonctionnement coordonné avec des délégations de tâche pour que tous nos concitoyens aient accès à un médecin traitant et aux médecins spécialistes dans des délais raisonnables et que la médecine libérale puisse répondre à la problématique des soins non programmés.

Cet espoir que porte la médecine libérale d’avoir les moyens de répondre aux attentes des patients et de les prendre en charge de façon adaptée il ne faut pas le décevoir. Nos demandes sont raisonnables mais il faut que vous décidiez de faire un geste fort pour donner les moyens à cette convention de remobiliser les médecins libéraux en reconnaissant leur rôle incontournable dans la prise en charge de la santé des français.

Les Spécialistes CSMF sont libéraux et responsables et ils acceptent une politique de droits et de devoirs à condition que vous décidiez de donner les moyens à la médecine libérale de tout simplement soigner.

Monsieur le Président si vous avez eu le temps de lire cette lettre, répondez aux attentes des médecins libéraux et reconstruisons ensemble un système de santé au service de nos concitoyens.

Monsieur le Président recevez l’expression des sentiments dévoués des médecins libéraux.

Dr Bruno Perrouty
Président Les Spécialistes CSMF